C'est le progrès
« C'est le progrès » disait-il. Remplacer, en un lieu, jadis « paradisiaque », beauté, calme, air pur… par laideur, bruit et pollution, et ils appellent ça un « progrès ». Le progrès.
Tous ces jeunes crétins sur leurs motos pétaradantes, fossoyeurs imbéciles de la beauté du monde.
Qui pourra réchauffer
L’âme des vieux basketteurs noirs,
2 m 10 et plus
Lorsque, perclus de rhumatismes, paranoïaques et impuissants
Ils errent, la nuit venue, dans des faubourgs déserts
Autour de salles à l’abandon, crasseuses, lézardées
Là où jadis retentissait
L’orgasmique clameur d’un public idolâtre
Saluant chacun
De leurs exploits.
Arrive le moment
Où tout désir devient
Inopérant . Où il faut simplement vouloir,
Et bondir, attraper dans sa main les bribes de néant
Qui participent du mystère
Et de l' immensité des mondes
Et nous relient , aux océans , aux reptiles glacés
A la douceur infinie de certains soleils
Et de certains regards .
Tout le reste , nos peurs , la forfaiture de nos vies
L 'agonie pitoyable , aux relents d 'hôpital
N 'ont pas d 'équivalent , pas de raison cachée
Ils ne sont que douleur , que mauvaise moisson
Et il n' est pas de mise de te lamenter
Sur ton propre cadavre
Mais plutôt de veiller que celui que , là bas
On emporte au bûcher
N ' aie pas étrangement la forme de tes rêves
Et de ta volonté .
Barruch était muette, inexplicable, ville figée. Façades de dentelles, fragiles, ombres chinoises détachées sur un ciel sombre, traînées sanglantes de couchant. Arpenté en tout sens le réseau dense, mystérieux, des rues déjà presque désertes. Le port, en contrebas, quelques feux, fatigués. Il ne comprenait pas… le trouble demeurait… cette impression d'éternité.
Sur le fleuve sans nom, jeté vers l'océan, un navire passa, immense et délabré, retentissant des cris de Portugais hallucinés, bouches scorbut, crucifix d'or, noyés d 'alcool. Un vieux brahmane hocha la tête. L'argile lui collait aux pieds. Cette fois il avait compris.
Depuis que je suis sur terre, et dans tous les domaines de l'existence, j'essaye toujours, avec une grande application et une bonne volonté évidente de faire « de mon mieux », le meilleur dont je suis capable. J'ai grandi, de par l'extrême exigence, excessive, destructrice de mon père, dans la quête perpétuelle de l'excellence. Lorsque tout était bien, quasi parfait, mon père ne disait rien. Jamais un compliment, un encouragement, une remarque positive, jamais « c'est bien, mon fils, ce que tu as fait ».
Par contre, dès que je baissais d'un cran, 15 de moyenne au lieu de 16 1/2 , que je finissais deuxième sur 400 m, au lieu de premier, les reproches et les imprécations commençaient à pleuvoir … « T'es bon à rien … non seulement tu ne sais rien faire de tes dix doigts (ce qui était vrai, à l'époque, tellement il m'en avait dégoûté du « travail manuel »), ne t'entraînes pas assez dur (ce qui était faux, bien sûr) mais ta tête ne fonctionne pas « normalement », si tu continues, tu finiras par travailler en usine (ce qui pour lui semblait représenter le déshonneur suprême). S'il m'arrivait de marquer un but en jouant au foot (je n'aimais guère ce sport, qui me semblait majoritairement pratiqué par des crétins gueulards et primaires), c'est que j'avais « buté dans le ballon ». Et tout comme çà … Lorsque je suis parti en vélo à Bali, il m'a prédit que j'irais jusqu'à … Clermont Ferrand, et que je renoncerais.
Connard … Prof de math, mon père n'était certainement pas un imbécile, mais son intelligence était « sèche », cartésienne, manque d'empathie, d'humour, d'humanité, d'amour. Plutôt sympa, populaire, relationnel, à l'extérieur, il devenait un « tyran domestique » dès franchi le seuil de la maison. Je ne dirais pas qu'il enlevait son masque, plutôt qu'il avait réellement 2 personnalités, et nous, la « famille », avions clairement à faire au « dark side » of the bonhomme .
Aussi loin que remontent mes souvenirs, j'étais toujours « inquiet », une légère appréhension, en revenant « at home » … Pas angoissé, terrorisé, nous n'étions pas des enfants battus, martyrisés. Juste cette question, désagréable, dans ma tête : « que va t'il pouvoir encore inventer » ? après quoi va t-il râler, et moi, me faire engueuler, alors que, comme d'hab, je pensais avoir fait « tout bien », et de mon mieux, en tout cas. La moins mauvaise option, tout mon espoir, étant qu'il s'enferme dans son bureau merdique, (qui ressemblait déjà à une décharge municipale, prémisse au merdier apocalyptique que deviendrait sa future ferme, La Chiennerie, où il allait très mal finir sa pitoyable existence) et qu'il ne se passe RIEN.
Ende . Flores
Ce monde est vide
Le monde entier
S'emmerde
95% du monde entier
Ne fait qu'aligner
L'une après l'autre
De petites journées
Médiocres et vides
Sans aucun
Contenu
Sans aucun sens.
La télé Indonésienne semble d'une mièvrerie, d'une nullité sans égales.
Aux chiottes la télé Indonésienne, regardée à longueur de journées par des milllions de cerveaux légumineux et apathiques, abrutis de chaleur.
Hating India so much …
Nous rentrons de voyage, de quatre mois en Inde, autrefois tant aimée … Je hais ce peuple et ce pays. Peut être, sûrement, de la haine de l'amoureux déçu, trompé, trahi.
O, enfants d'Occident, ne rêvez plus de l' Inde. C'est un cloaque immense, un sordide supermarché.
Je n' irai plus jamais, c 'est l' absolu contraire du pays dont je rêve...
Karachi blues
Karachi blues
Mouches vermeilles, lassi bleuté
Temps suspendu, poids de l'Islam
Ennui pesant
Journées pareilles, répétées
Sadar bazar
Ces réfugiés, enfuis d'Iran
Et ces Afghans, déracinés.
Tout est lourd, chaud, suintant
Karachi blues
Nuits sans lumières
Dérives molles dans une ville
Totalement
Inconnue…
Un néon vert
La porte du Chandni Hotel
Karachi blues
Tout me pousse
A partir
Obligé d 'attendre, pourtant
Mon sac à dos
Reparti pour Paris
Via Tokyo
Jordan Airways
Sorry mister, sorry
Moi aussi, so sorry.
« L’une des sœurs n’a plus de doigts – polyo – je l’aime – est-ce que je l’aime ? Nous restons là, des heures dans la pénombre, à la fenêtre de sa chambre, au dessus de Sampaloc Street , la nuit … Nuits de Manille , puissantes, lascives, interminables ; à l’infini je conterais la fascination de ces nuits, les plaisirs louches de mes sens, et ces feelings exacerbés dans un corps déambulatoire, ces heures de jouissance volées au monde et à la mort. Dériver, se laisser bercer par le flux, sauter dans une jeepney en marche, destination inconnue, pour m’échouer en lointaine banlieue où je deviens ombre parmi les ombres …
Ma table de peintre, Arambol (1)
J'étais vraiment désappointé… tellement vanté à Adriana les charmes de Goa, découvert en 83, que 10 ans plus tard, partis enfin « en amoureux », l'un des grands rêves de ma vie, je maugréais pas mal de ne plus retrouver grand chose de ce que j'avais tellement adoré. C'était « tellement mieux avant » … ben oui, tout le monde dit çà, à juste titre. Seulement, on était « maintenant », ma princesse attendait du romantique et du sublime, je lui avais promis, et j'étais pas très loin de péter les plombs, jeter l'éponge et repartir en France, tellement tout s'était, et tellement vite dégradé, détérioré.
...Le dos au mur, contraint de trouver quelque chose de « présentable », mon honneur de voyageur et d'« amoureux romantique » étant en jeu, je lui dis « écoute… je te propose de rester dans la chambre d'hôtel à Panjim, je me donne une journée... je t'ai promis le paradis, je dois trouver le paradis… sur terre, bien sûr, et près d'ici. » Ok, qu'elle me dit. Bonne intuition, je prends un bus, up North, direction Arambol. Je ne le savais pas encore, mais le nom de ce simple village allait symboliser, et pour ma vie entière, l'aboutissement d'une quête commencée dès mes 14 ans, mon lieu « idéal », conjonction sublimée de tout ce que j'aime et tout ce que j'attends. A savoir une vie ultra simple, basique, heureuse et très douce, dans un décor idéal, de « carte postale », au meilleur sens du terme.
Ma table de peintre, Arambol (2)
Dix ans plus tôt, Arambol était la « plage maudite », (je vivais alors à Colva) qui faisait régulièrement la une du Goan Times, où se passait toutes sortes de choses louches, de trafics, d'embrouilles … je me souviens qu'un énorme Yougoslave, en plein trip, avait massacré 5 personnes à coups de sabre, et plein d'autres « faits divers » du même tonneau. J'avais eu une étrange vision/prémonition, m'indiquant que c'est sur cette plage que je serais enterré, ou mes cendres dispersées.
...Panjim / Mapusa, puis Arambol, terminus. Le bus stop, la poste, le terrain de foot, l'high school, l'église St Carmel », tout cela « parlera » à nombre de mes amis. Plus j'avance, et plus mes premières impressions, très favorables, se confortent, se renforcent. C'est beau, c'est calme, paisible, très simple, harmonieux. L'Inde comme je l'ai toujours rêvée, et parfois rencontrée. Palm trees everywhere, de jolies maisons, animals everywhere, un rythme très lent, « biblique », alangui. Et la plage … comment ce qu'elle est la plage ??? Waouh … elle est sublime, immense, à perte de vue, quasi déserte. J'en ai assez vu, je suis tellement ému, je fonds en larmes, je sais que j'ai trouvé, que notre fabuleuse histoire d'amour, romantique et fusionnelle, aura désormais le décor et l'environnement qu'elle mérite, un écrin tropical au diapason et au niveau de tout le reste.
Ma table de peintre, Arambol (3)
Reste à trouver THE place, l'endroit, la chambre, la maison. Je la découvre rapidement, elle s'impose comme une évidence … c'est la Villa Oceanic, de Léonardo et Thelma de Souza.
Nous y avons passé 3 mois … A peine arrivé, je remarque qu'il n'y a pas de table dans notre chambre. Passer plusieurs mois dans un lieu sans pouvoir peindre, écrire, travailler, cela n'a pas de sens pour moi. Contactés rapidement, des artisans indiens, me fabriquent, et « sur mesure », ma « table de peintre », en bois massif, posée ensuite dans le patio … je pense qu'elle y est encore.
Music Lover
Il m'expliquait, tirant sur son bidi, que peu lui importaient les chefs d'œuvres immortels, les grandes envolées, les partitions alambiquées, les morceaux de bravoure et la virtuosité. Qu'en fait il n'attendait, il n'espérait d'une chanson, que le très simple instant béni, le mot miraculeux, la magique alchimie, l'intonation ou le fragment de mélodie qui sauraient le toucher, le bouleverser, faire vibrer au plus profond une corde inconnue. Des milliers de signaux, balancés comme autant d'impétueux spermatozoïdes, dont un seul, quelquefois, se frayait un chemin jusqu'aux abords du cœur de l'autre …
Bidi éteint, c'était la nuit. Il s'était tu, et ses oreilles, peu à peu, s'allongeaient, démesurément, jusqu'à toucher le sol. Il s'enroula dedans, se retourna, et s'endormit.
Quitter Arambol
Une dernière fois, il remonta jusqu'à Morjim, et puis dans l'autre sens, la plage merveilleuse le ramenant vers Arambol. Le départ était pour demain … Dernier soleil sur l'horizon. Il pleurait de bonheur, d'avoir trouvé la force d'aller vivre ses rêves, d'accomplir son destin. Il pleurait de malheur, de quitter à jamais un éden révolu, à jamais englouti.
D'ici quelques années, nous parlerons bien sûr d'Arambol avec très grande nostalgie. L'immense palmeraie, la plage calme et belle, cette vibration blanche, l'incroyable clarté. Arambol, c'est la fin d'un monde. La terre fut ainsi … elle ne l'est plus, ne sera plus jamais ainsi. Nous sommes les derniers témoins.
Qu’y a-t-il donc, derrière ces yeux figés, sourires momifiés, rictus, derrière ces hommes-troncs, ces hommes-sexes, femmes-ventre, gestes brisés, ces poses hiératiques, et ces silences obstinés, qui me fascine, me trouble, et me révèle ce que peut-être aucun humain n’est plus capable de me dire ?
Je souhaite que mes os, en leur temps, soient eux aussi sculptés, et deviennent statues, visages purs, combat tranquille avec le temps, en posture d’éternité.
Pourquoi je peins ?
Pourquoi je peins ? Oui, au fait, pourquoi ? C'est devenu si naturel… Je raconte une histoire, je raconte ma vie. Parfois la sentiment de peindre juste pour me rendre « intéressant ». Pour dire,voilà, j' existe, j' ai plein de belles choses dans la tête… à tous ces gens qui ne me « voient » pas. Cela veut dire, peut être,« aimez moi »... parfois, désespérément,AIMEZ MOI !!!
Le mieux, c 'est quand ça ne veut rien dire,rien exprimer. Je peins... parce que je peins, c'est tout. Je ne cherche rien, ça vient tout seul. Peindre me comble et me rend heureux.
Qu’y a-t-il donc, derrière ces yeux figés, sourires momifiés, rictus, derrière ces hommes-troncs, ces hommes-sexes, femmes-ventre, gestes brisés, ces poses hiératiques, et ces silences obstinés, qui me fascine, me trouble, et me révèle ce que peut-être aucun humain n’est plus capable de me dire ?
Je souhaite que mes os, en leur temps, soient eux aussi sculptés, et deviennent statues, visages purs, combat tranquille avec le temps, en posture d’éternité.
Rencontre avec Antonio Blanco – Ubud (1)
Nous devons quitter Bali le lendemain. Toujours très mal au dos, terrible lumbago, mais bon, je veux voir la maison d'Antonio Blanco, c'est donc maintenant… ou maintenant. J'arrive, clopinant. Escalier – chaque marche est douleur.
Coup de gong, signale mon entrée.
Première impression : ce lieu est un rêve, un rêve de peintre, un rêve d'homme, réalisé.
Maison immense, surplombant les rizières.
Première salle. Les œuvres du maitre, grand format.
Rencontre avec Antonio Blanco – Ubud (2)
Des femmes, partout, sensuelles, voluptueuses.
Apparition, très jeune fille, légère, souriante.
« Please, come in ». Elle m'indique le chemin.
D'autres pièces, des tableaux, partout.
Dans un patio, assis par terre, je le vois, il est là. Il travaille, très vite. Il m'aperçoit, se lève. Petit homme sec, vif, précis. J'ai de la chance, il est de bonne humeur, affable mots gravés pour l'éternité. Et puis, brusquement, c'est terminé; gentiment il me congédie, retourne à son travaille.
C'était Monsieur
Antonio
Blanco.
Salamandre glacée, sortie des eaux, in extremis, par des phalanges torturées. Caïman brusque, araignées d'eau, le vent d'est apportait poussières et clameurs. Blotti à même le rocher, il dévidait le même songe avec la même volupté, l'image d'un éden si terrestre et si clair. Puis l'azur tressaillit. Il sut que les barbares, en fiévreux prédateurs, projetaient d'acheter le ciel.
...
Sumba, c'est le bout de la Route
Inutile de courir davantage après des mirages.
Le plaisir de voyager, j'en prends conscience maintenant, consiste principalement à « brûler », à faire usage des réserve considérables d'énergie renouvelable que donne la jeunesse, cette faculté d'un corps jeune à digérer, intégrer, des milliers de kilomètres, milliers de sensations chaque jour renouvelées.
Lorsque le voyage se résume à beaucoup de fatigue, de petites souffrances, pour aller de déception en désillusion, le voyage n'a plus guère de sens.
Noël à Waikabubak. Je suis heureux d'être là, heureux surtout d'être là avec Adrianna. Sans elle, ma présence ici serait inutile et incongrue.
Janis Joplin chantait: « You've got to be, one time, a good man, to one woman, and this will be the end of the road ». Je voyage depuis... 33 années. Je l'ai cherchée... longtemps. Je l'ai trouvée – amour passionnel, absolu.
Alors, maintenant, ça va...
La boucle est bouclée,
On rentre
A la maison.
Sumba . Waikabubak
Jamais si loin de la maison …
Energie, partir à pied
Nous sortons de la ville
Campagne vallonnée
Sublime, tombes de pierre
Chevaux paisibles de Sumba
La pluie chaude, puissante
Incessante, joyeux
Trempés nous sommes
Hurlements d'allégresse
Des heures nous marchons
Sous la pluie d'Equateur.
Minuscule grand-père
Edenté, quémandeur
Mau merokok
Il veut
Des cigarettes
Tanjung Aan
Lombak
Ciel gris, blanc, bleu
Océan gris, vert . Bleu, turquoise
Plage sublime
Demi cercle magique
Sable blanc, serti de rochers
Personne, ils étaient
Seuls au monde
Air tiède, presque frais
Et la pluie de mousson
Commença de tomber
Trouver refuge
Dans l'eau salée.
Témoigner de Goa
Témoigner de Goa
Corps su
Sur la plage, lotus
Cette jubilation
Intense
Déferlement
De volupté
Qui vous submerge
Et vous refoule, anéanti
Jusqu 'aux limites
Du dicible
Instants frontières
Au bout desquels
Il n' y a rien
Vraiment plus rien
A espérer
Ni à attendre
Où suffit
De se taire
Ne plus penser
Surtout, ne plus penser
Et de jouir
En silence.
« Toummo et lungompa »
« User avec parcimonie », disaient les moines tibétains. Il se souvint combien leurs voix, la lourde pression de leurs voix, l’avaient troublé, lui révélant des mots étrangers jusqu’alors : Fragilité, impermanence, bien difficile à accepter lorsqu’on ressent, à dix-huit ans, l’enivrante jubilation, la certitude d’être fort, indestructible, à tout jamais. Admettre qu’on est pas un dieu… Il se revit, nu, dans la neige, à la porte de sa gompa sur les pentes du Makalu. Années d’éveil. Années d’élagage patient, de guerre aux hallucinations qui le harcelaient sans relâche et le quittaient, luisant de sueur, suppliant, hébété, hurlant d’amour et de terreur, à la fois nourri et brisé par les splendeurs himalayennes.
Toutes ces hordes de jeunes crétins, en marche vers un avenir sinistre, dans un monde violent, saturé, surpeuplé, étouffant, étouffé.
Où est la vie dans tout cela ?
« Tout ça pour ça »… De notre étalage, l’été, nous assistons au défilé sempiternel de ces gros culs, de ces gros ventres, cette noblesse, cette laideur, étalés, déballés, dégoulinants. Tout ça pour çà. Tant d’efforts, de recherches, de découvertes, de pédagogie, tant de « progrès » et tant d’amour … pour en arriver là. Quelle misère, quelle tristesse, quel désastre collectif. Cette race humaine désolante, malheureuse, dégénérée.
Tu vois, je suis vivant
Tu vois, je suis en accord avec la terre
Tu vois, je suis en accord avec les dieux
Tu vois, je suis en accord avec tout ce qui est beau
Tu vois, je suis en accord avec toi
Tu vois, je suis vivant
Je suis vivant.
15 janvier
Temps froid et gris. Dur. Je suis roulé en boule, ramassé sur moi-même comme un hérisson. Je ne me lave pas, ne me change pas, même vieilles fringues dégueu, je ne fais plus le ménage. Je m’endors chaque soir avec une seule pensée : j’ai encore survécu. Survivre. Seul objectif actuel. Au printemps, il sera toujours temps de se récurer, de se parer, de parler de bien-être, des relations ou de bonheur.
26 janvier
Froid vent pluie. La Totale.
A Yaka, je suis bien, je peins et j’oublie tout. J’oublie cet avenir radieux que je suis en train de préparer. Et qui n’arrivera jamais, parce que j’ai, tout simplement 10 ans de trop. Too late, baba, too late. Ma vie est terminée.
Ce que je prépare maintenant, ce pour quoi je travaille, c’est pour qui ? Pourquoi ?
30 janvier 2001 (1)
Adriana est à Paris. Elle fait dodo chez Sophie. Tout s’est bien passé. Je suis soulagé… et très ému. Étrangement (ou normalement) je me sens toujours « responsable » de la vie et de la santé, du bien-être d’Adriana. Je l’aime trop. Même si elle ne m’aime pas, ne m’aime plus… plus autant, en tout cas. Je dois respecter ses choix. Je les respecterai. Elle m’a fait trop de bien pour que je souhaite jamais lui faire du mal. Adriana est un petit ange, et elle mérite tout le bonheur du monde.
30 janvier 2001 (2)
A une demi-heure d’intervalle, hier, j’ai rencontré JP. Chantecaille puis JF. Foutaine. L’impression est en fait toujours un peu la même. Je rencontre ces gens un peu mythiques, « hauts placés », l’entretien se passe bien, très bien. Je discute vraiment d’égal à égal intellectuellement et humainement avec ces gens là. Ils aiment et soutiendront le projet… je suis content. Je soulève des montagnes, et puis je rentre. Je me retrouve tout seul, fatigué, fatigué de vivre. Trop âgé pour imaginer un avenir radieux. Là, je craque un peu. Cet hiver est trop long, trop gris.
30 janvier 2001 (3)
Je demande juste un peu de douceur et un joli rayon de soleil..
Pourtant si je me souviens combien la situation était mauvaise et angoissante le 2 janvier, j’ai de bonnes raisons de me réjouir, les choses se sont considérablement améliorées. Simplement, maintenant, j’attends un peu de bien-être, un peu de choses agréables. J’ai l’impression d’être en hiver depuis des mois et des mois, que cet hiver n’en finit pas.
Je ne souhaite pas m’éterniser sur cette Terre.
30 janvier 2001 (4)
Aujourd’hui, l’hiver est fini.
Il y a, en elle, une immense beauté. Il y en a, en elle, autant, ce n’est pas peu dire, qu’il y en a en moi. Nous sommes pareils. Nous vibrons pareil, nous rêvons des mêmes choses. Cependant, nous ne sommes pas des clones. Nous nous étonnons, nous nous apprenons des choses. L’énergie circule bien, entre nous nous ne nous ennuyons jamais.
Je suis amoureux d’une princesse «ayurvédique ».